…ou pourquoi le motu Tapuaetui est surnommé ainsi :

Il y a très longtemps, un des chefs d’Aitutaki créa une réserve de pêche dans le lagon pour en protéger les ressources et s’assurer ainsi que son peuple ne manquerait jamais de nourriture. Personne n’était autorisé à pêcher dans cette zone.

Nga respectait les consignes de son chef, mais sa famille avait faim et quelques poissons supplémentaires ne seraient pas de trop.

Le village se préparait pour un grand festival, et Nga fit part du plan qu’il avait en tête à son fils Taongo. Lorsque tous les villageois seraient occupés à danser et faire la fête, ils en profiteraient pour se faufiler dans le lagon et pagayer jusqu’à la réserve où ils trouveraient du poisson en abondance.

Alors que le festival commence, Nga et Taongo mettent le plan à exécution. Naviguer dans l’obscurité est long et difficile mais ils finissent par atteindre la réserve. Ils savent qu’ils doivent attraper autant de poisson que possible avant que la fête ne se termine et retourner sur l’île sans éveiller les soupçons.

Voilà que le soleil commence à se lever et sur l’île principale un des villageois qui rentre tard du festival aperçoit la forme d’une pirogue dans la réserve. Il court le dire au chef qui, apprenant la nouvelle, entre dans une colère noire. Quelqu’un a désobéit à ses ordres, il hurle donc « envoyez une troupe de soldats et capturez quiconque se trouve dans la réserve ! » Les soldats du village se ruent vers leur pirogues et partent en chasse.

Nga aperçoit alors la troupe de loin et il craint de ne jamais pouvoir s’échapper à temps. Il crie à son fils « On pagaye jusqu’à Tapuaetui ! » et ils couvrent la distance aussi vite qu’ils le peuvent pour accoster. Nga dit à Taongo de courir jusqu’au centre du motu, ce qu’il fait. Nga court lui aussi au centre du motu en faisant attention de marcher dans chaque trace de pas laissé par Taongo. Rapidement, les bruits de la troupe de soldats se font entendre sur la côte. Nga soulève son fils haut dans les branches d’un bananier où il peut grimper et lui chuchote « Ne descends pas avant qu’il ne fasse nuit », puis il continue de courir pour atteindre l’autre côté du motu.

Taongo, en sécurité caché dans son arbre, observe les soldats couverts de tatouages et portant de longues lances. Ils courent en suivant les traces de pas depuis la plage et passent juste en dessous de lui, fonçant vers l’autre côté du motu. Peu de temps après, Taongo voit les guerriers emmener son père. Les guerriers demandent à Nga s’il y a quelqu’un d’autre avec lui dans la réserve. « Non, il n’y a que moi » répond Nga, et les guerriers le croient car il n’y a en effet qu’une seule trace de pas dans le sable.

Après le couché du soleil, Taongo descend de l’arbre et pagaye dans la pirogue de son père jusque chez lui. En le voyant, sa mère n’en croit pas ses yeux : son mari est mort pour avoir désobéi aux lois du chef et elle pensait son fils mort également. Taongo lui raconte comment son père lui a sauvé la vie en masquant ses pas dans les siens.. Depuis ce temps là, le motu Tapuaetui est connu comme « One Foot Island ».

 

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