Première mission ce matin au réveil : rassurer nos familles ! Dans la nuit un tremblement de terre a secoué la côte Est de l’île Sud, loin de Rotorua où nous sommes actuellement, donc pas de soucis pour nous. Les premières informations évoquent néanmoins des dégâts jusqu’à Wellington, point de départ de notre traversée en ferry qui se trouve peut-être compromise. Nous décidons de rester à l’écoute des informations officielles et partons comme prévu direction le sud avec le parc géothermique Wai-O-Tapu (qui signifie « Eaux Sacrées ») et il ne faut pas être en retard car nous avons rendez-vous avec la star du parc : Lady Knox. Pour la petite histoire, il y avait en 1901 une prison tout près du site actuel du parc. Cet établissement accueillait les prisonniers de Nouvelle-Zélande au meilleur comportement et qui bénéficiaient donc d’une semi-liberté. Un jour, des prisonniers découvrirent un petit geyser avec de l’eau bouillonnante à volonté et décidèrent de s’en servir pour leur lessive. Ils se déshabillèrent pour pouvoir nettoyer leurs vêtements et ajoutèrent un peu de lessive. La réaction entre la lessive et l’eau fut radicale : le geyser se mit à cracher si violemment que les prisonniers prirent peur et s’enfuirent les fesses à l’air devant cette colonne d’eau bouillante de 10m de haut ! Le nom de Lady Knox qui a été donné au geyser vient de la 2ème fille du 15ème Gouverneur de Nouvelle-Zélande qui visitait la prison ce jour là. Mais revenons en 2016, notre geyser est toujours là et pour le voir il faut se rendre dans un petit amphithéâtre à ciel ouvert, excentré du parc principal. Il y a des bancs en bois aménagés sur le dénivelé qui se trouve en face de la petite cheminée toute blanche, la mise en scène est réussie car on a vraiment l’impression d’attendre que la diva veuille bien se mettre à chanter ! Un des gardiens du parc arrive alors et nous explique l’histoire et le fonctionnement du geyser, il reproduit ce qu’avait fait les prisonniers de l’époque et place un peu de lessive dans la cheminée du geyser. Enfin lessive, pas tout à fait, elle serait nocive à long terme pour l’écosystème ambiant, donc la formule a été adaptée. L’eau bouillonne, monte et déborde du cône mais rien de plus. Le gardien qui connaît bien sa Lady nous informe que, « comme une femme » elle aime prendre son temps et ne réagit pas de la même façon selon la météo, la température et la pression atmosphérique. Puis au bout de quelques minutes Lady Knox crache enfin avec une telle puissance qu’un grondement terrible accompagne la colonne d’eau qui s’élève haut au dessus de nos têtes ! C’est vraiment très impressionnant ! Et même si la hauteur de la colonne diminue petit à petit, le geyser continue à cracher son eau pendant encore une grosse poignée de minutes avant de retrouver son « calme » du début.

Dans le parc proprement dit, nous suivons un chemin balisé qui nous permet de faire le tour complet. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises : l’odeur de soufre nous rappelle notre excursion de la veille et la visite commence tout simplement par un immense cratère nommé «Devil’s Home », soit  « La demeure du diable »…  C’est un immense trou creusé par l’action acide souterraine et dont les parois sont constellées de cristaux de soufre jaune qui donnent une bonne idée de se qui se trame à seulement quelques mètres sous nos pieds. La visite continue avec des cratères, marmites et fumerolles d’eau et de boue, de différentes tailles et de différentes couleurs, le tout dans une ambiance mystérieuse due aux nuages de vapeur d’eau qui s’échappent de la terre. Puis vient « La palette de l’artiste », une superbe étendue d’eau fumante saturée de divers composants chimiques qui lui donne une variété de teintes incroyables. Nous la traversons par une passerelle en bois et continuons la visite des lieux. Des vue panoramiques à couper le souffle, des chutes d’eaux, des falaises d’Alun, des bassins aux couleurs diverses et des grottes sulfureuses ponctuent notre chemin. Nous traversons « The Primrose Terrace » une immense étendue blanche recouverte d’une fine pellicule d’eau chargée en silice qui se dépose petit à petit et qui forme les fameuses terrasses.
C’est ensuite « The Champagne Pool » qui se trouve sur notre chemin. Et oui, Wai-O-Tapu se paye le luxe d’une piscine de champagne. Mais prenez garde, elle n’a du champagne que les bulles ! Avec ses 74°C et les minéraux qu’elle contient (entre autres mercure, soufre et arsenic) il est plutôt déconseillé de se baigner. Il est plus sage de la regarder, et elle vaut largement le détour avec son fond de silice blanc et son pourtour orange dû aux dépôts de minéraux qu’elle contient.
Le chemin continue entre des cratères de plus en plus grands pour finir sur « Devil’s Bath », le bain du diable. Ce cratère à l’eau saturée de soufre et d’arsenic présente une couleur fluo digne d’un Stabilo, c’est assez indescriptible. Notre visite s’achève ici et nous reprenons la route en ayant l’impression d’avoir vu des paysages uniques au monde.

Sur la route pour Raetihi, un stop aux Huka Falls est de rigueur. Ces chutes d’eaux à la couleur bleu glacier sont d’une puissance phénoménale et pour cause : elles drainent les eaux du lac Taupo situé quelques kilomètres plus au sud. Nous longeons d’ailleurs ce lac pour rejoindre le Parc National du Tongariro. Malheureusement la météo est capricieuse et en traversant le parc la pluie, le vent et le froid nous accompagnent. On ne voit aucun des reliefs et sommets du Tongariro tellement il y a de brouillard et de pluie. Arrivés à Raetihi nous vérifions les dernières informations météo et la randonnée du lendemain semble compromise, il faut envisager un plan B.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *