Il est temps de partir à l’assaut des célèbres glaciers de Nouvelle-Zélande, au cœur du Westland Tai Poutini National Park. Premier au programme des réjouissances du jour, Franz Joseph Glacier. Malheureusement, le temps n’est pas avec nous, le froid et l’humidité ambiante auront raison d’une bonne partie des touristes de la zone. Mais nous ne sommes pas en sucre, et nous ne sommes pas n’importe quels touristes, nous décidons quand même de tenter l’ascension. Quitte à être mouillés, on pourra au moins dire qu’on y était ! Et puis c’est une raison supplémentaire pour David de fièrement porter son béret landais, autant dire qu’il est ravi.

Le chemin qui va nous conduire au glacier commence par un grand panneau d’avertissement décrivant les dangers que représente l’ascension vers celui-ci, l’équipement minimum obligatoire à emporter, et les règles de sécurité très strictes à respecter. La marche d’approche s’effectue sur un chemin bien aménagé qui ne comporte absolument aucune difficulté, mais déjà la nappe de brouillard se densifie au fur et à mesure que nous prenons de l’altitude et nous ne sommes pas sûr du tout de pouvoir voir quoi que ce soit une fois arrivés au sommet. Cette partie terminée, nous attaquons maintenant l’ascension vers le glacier en passant directement par la vallée de glace qui constitue selon la saison le “lit” du glacier. Des dizaines de cascades déversent l’eau provenant des montagnes de part et d’autre de la vallée, créant des petits torrents qui se jetteront quelques centaines de mètres plus bas dans la mer de Tasman. La végétation abondante jusque là commence à se raréfier, pour laisser place à de la mousse verte ou orange vif qui recouvre les rochers et blocs déposés lors des mouvements de la langue glacière. Quelques piquets nous servent de ligne de vie et nous indiquent le chemin à suivre pour accéder au point d’observation de Franz Joseph. En nous rapprochant du sommet du sentier, nous commençons à apercevoir ici et là des blocs de glace qui se sont détachés : leur couleur bleu turquoise un peu irréelle tranche avec le gris du décor, on dirait des pierres précieuses brutes au milieu des rochers. A notre grande surprise, plus le chemin devient chaotique et pentu, plus le temps semble s’améliorer : une lueur d’espoir renaît quand à la possibilité d’apercevoir un bout du fameux glacier ! Enfin nous arrivons au sommet du sentier et nous avons droit à une superbe éclaircie qui nous permet d’admirer le glacier sans trop de problèmes. Le silence qui règne à cet endroit donne une impression étrange de calme avant la tempête, et en regardant cette énorme masse de glace en équilibre on se rend bien compte qu’il ne faudrait pas grand chose pour qu’un bloc se détache… On n’ose même pas imaginer le vacarme que cela pourrait engendrer ! Le périmètre de sécurité mis en place paraît bien mince devant ce colosse de glace mais l’endroit est tellement superbe que l’envie d’en profiter un maximum est plus forte que tout.

Mais le temps se dégrade à nouveau, et la faim qui commence à se faire sentir nous invite naturellement à redescendre dans la vallée pour rejoindre notre STAF8 pour la suite de l’aventure. Un peu de route direction le deuxième glacier du jour, Fox Glacier, où une fois garés sur le parking nous choisissons de préparer un déjeuner bien mérité pour attendre l’éclaircie. Bien nous en a pris : voilà que le temps se lève quand nous choisissons d’attaquer la vallée de glace. Celle-ci est un peu différente de Franz Joseph, car elle est plus plate au début, ce qui nous fait traverser une multitude de petits ruisseaux. Évidemment il faut bien compenser à un moment donc le dénivelé y est beaucoup plus important sur la partie finale de l’ascension : il faut mériter la vue ! Le sentier nous fait passer au plus près des falaises bordant la vallée, la saison et la fonte des glaces accentuant le risque d’éboulements nous rencontrons donc des panneaux qui nous interdisent de nous arrêter sur certaines zones particulièrement dangereuses. Mais la surprise finale vaut terriblement le coup : la zone de sécurité est placée bien plus près du glacier que celle de Franz Joseph car elle est légèrement décalée de la vallée, ce qui nous permet d’observer les petites cascades nées de la fonte des glaces qui ruissellent le long glacier comme s’il était en sueur (c’est la fin du printemps en Nouvelle-Zélande, période où le glacier se transforme le plus). Dans le silence qui règne en haut du sentier nous avons eu un super privilège : celui d’entendre le glacier craquer sous les températures clémentes du mois de novembre. Un genre de grincement sourd, profond et incroyablement puissant s’est dégagé du glacier qui montrait déjà des signes de faiblesses vu les énormes blocs de glace qui jonchaient la vallée. Nous passons de longues minutes en haut du track histoire de nous imprégner de l’ambiance et de profiter du soleil qui fait enfin son apparition.

Il est alors temps de reprendre la route vers le sud. Nous redescendons vers la vallée pour reprendre la route jusqu’à Haast dans l’espoir de trouver de quoi faire quelques courses, et peut-être même trouver un coin pour passer la nuit. Mais rien ! Haast est un minuscule patelin perdu entre la West Coast et le Mount Victor, il y a quelques lodges backpackers et un motel, le bar du coin est fermé et il n’y a qu’une petite station service pour se ravitailler. Pas de panique, l’avantage d’être en STAF8 c’est qu’on peut adapter le programme : une rapide vérification sur la carte, une estimation du temps de parcours, et nous reprenons la route pour atteindre Wanaka. Ce qui s’avèrera être une idée géniale : la route est superbe sur la Highway 6 le long de la sinueuse Haast River, le bleu de l’eau glacée et la multitude de chutes créent un magnifique contraste avec la végétation de Mount Victor d’un côté et de Shattered Peak de l’autre. Nous quittons West Coast pour entrer dans l’immense région d’Otago, une partie du road trip que nous attendions particulièrement pour ses paysages sauvages, et c’est sans attendre qu’elle tient toutes ses promesses. Nous longeons les bords de Lake Wanaka, un endroit sublime qui respire le calme et la sérénité. Il faut emprunter les fameux ponts à une seule voie – one lane bridge – un bon nombre de fois pour arriver à “the neck”, un col étroit qui nous permet de basculer de l’autre côté du Mount Burke. La route longe désormais Lake Hawea jusqu’à Wanaka. Ces quelques kilomètres nous donnent encore plus envie de découvrir cette région, on sent bien qu’il y a une pléiade de coins à explorer et on ne demande que ça ! Wanaka est en vue et nous sommes pressés de découvrir cette petite ville au bord du lac. Mais pour cette nuit, c’est sur une grande plaine arborée que nous pourrons garer notre STAF8, de quoi nous reposer sans soucis après une journée très riche en souvenirs !

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